Précieux

Précieux


 

La commune de Précieux est située à l’est de la ville de Montbrison. Son paysage est celui d’une plaine, légèrement vallonnée et bien irriguée. On y trouve la confluence de deux rivières : la Curraize et la Mare. On y trouve aussi des petites élévations comme la côte de Ruffieux où la colline qui sépare au nord Précieux de Grézieux-le-Fromental. La géologie de la commune présente, selon Grüner, une variété intéressante. Notamment près de Ruffieux, se trouve un affleurement calcaire mêlé de silex. Ces deux matériaux sont rares dans la plaine du Forez et ceci explique qu’ils ont été l’objet d’extraction.Vue aérienne de Ruffieux Le silex de Ruffieux est de couleur noire avec de nombreuses veinures blanches mais certains faciès sont gris légèrement translucide. Le matériau n’est pas de très bonne qualité et se révèle difficilement taillable. Néanmoins, lors de nos prospections, nous en retrouvons régulièrement associé avec d’autres variétés, sur les sites protohistoriques et quelques exemplaires travaillés se retrouvent sur des sites du nord du département. Le calcaire est lui de qualité moyenne mais il a été extrait, taillé et utilisé dans de nombreux monuments du Forez et notamment dans des églises comme Notre-Dame de Montbrison ou tout simplement dans une partie de l’église de Précieux.

Les découvertes archéologiques sur la commune de Précieux sont nombreuses et se sont succédées dans le temps.

C’est au début du XIXème siècle, qu’aurait été trouvé, au lieu-dit Le Poulailler, une borne milliaire, appartenant à la voie Bolène. En 1889, à Ruffieux, a été découverte plusieurs objets : une hache à talon, une grande épingle en bronze dont la tête est ornée de cannelures circulaires et trois faucilles peu arquées. Ce matériel a été daté de la période de l’Age du Bronze moyen. En 1896, dans une carrière de sable exploitée au lieu-dit les Baluses, fut découverte une sépulture à ustion. D’abord attribuées à la période gallo-romaine, les céramiques découvertes, notamment un vase balustre, furent attribuées à la période fin de la Tène I/début de la Tène II, soit entre – 350 et -200. Quelques années plus tard, une hache bipenne en orho-amphibolite, de couleur marron fut découverte sur le même site. D’autres découvertes gallo-romaines sont signalées à cette période, à Azieux, à la Séauve, à Font-froide, à Janieu, etc…

Haches polies, la VueIl fallut attendre la seconde moitié du XXe siècle pour que de nouvelles trouvailles soient signalées : deux haches polies vers le hameau de la Vue et du matériel gallo-romain vers le Grand Gramia. En 1968/69 une série de sondages furent effectués sur ce dernier site sous la direction de R. Quitaud. Le site fut interprété comme étant le dépotoir d’une villa occupée du Ier à la fin du IIème siècle. Depuis, les prospections du GRAL ont permis de prolonger son occupation au moins jusqu’aux IVe/Ve siècles.

Les diverses prospections réalisées ont permis de localiser dix-neuf zones, dont certaines sont inédites, contenant des indices de sites. Des gisements connues par les découvertes du XIXème siècle ont montré un potentiel plus important que ce que nous pensions au départ : l’ensemble des Baluses a été scindé en sept sous/zones montrant une grande continuité dans l’occupation : Néolithique, Age du Bronze, Age du Fer et Gallo-Romain ; le lieu-dit Ruffieux a été partagé en cinq sous/zones couvrant les périodes de l’Age du Bronze, du second Age du Fer et de la période Gallo-Romaine. Tessons Age du Bronze

Pointes de flèches en silexLes faits les plus marquants de ces prospections sont les suivants :

-        il s’agit tout d’abord de la découverte, à la limite et à cheval sur la commune et sur celle de l’Hôpital-le-Grand, d’éléments lithiques datant du Paléolithique Moyen ou Moustérien. Il s’agit là du seul site de cette période connu dans la plaine. Du matériel Néolithique est aussi présent sur ce site ;

-        c’est ensuite le nombre important de gisements potentiels découverts, venant s’ajouter à ceux déjà connus. Ces indices couvrent toutes les époques avec une prépondérance très marquée des indices appartenant à l’Age du Bronze. Ces sites potentiels se trouvent situés en majorité de part et d’autre de la rivière la Curraize ;

-        des périodes peu souvent présentes dans les prospections de la plaine du Forez sont ici représentées notamment celle du Campaniforme et l’Antiquité Tardive (monnaie de l’empereur Magnence, milieu du IVème siècle et céramique sigillée luisante) ;Sigillée à décor, Drag 37

-        la qualité des indices ramassés est assez inhabituelle, notamment en ce qui concerne le matériel lithique : huit pointes de flèche en silex, une hache polie et un fragment de hache polie en pierre alpine, une pointe en cristal de roche… Les tessons associés à ces découvertes sont souvent en bon état de conservation ;

-        de nombreux indices de céramique médiévale ont été ramassés en dehors du bourg de Précieux, dans des zones qui sont aujourd’hui peu habitées. Elles sont principalement situées dans la partie sud-est de la commune entre le bourg et le hameau d’Azieux. Il semblerait qu’à cette période ce territoire ait connu une occupation nettement plus dense qu’elle ne laisse paraître aujourd’hui.

Le territoire de la commune actuelle de Précieux était partagé à l’époque médiévale en un certain nombre d’entités qui dans le temps et dans l’espace se sont développées ou bien ont disparues. A l’origine, il semble que ce vaste territoire correspondait à peu près à celui de la commune actuelle ; Cadastre Napoléon du bourgil appartenait aux comtes de Forez et il est semble que leurs libéralités soient à l’origine de la dislocation de l’unité territoriale. Que savons nous de l’ancienne seigneurie de Précieux, comment se présentait-elle ? Aucune description, aucune représentation ni aucun vestige du château de Précieux ne sont parvenus jusqu’à nous. Hormis les textes et mentions, seuls deux éléments indiquent sa présence. Le premier est donné par la forme ovoïde du parcellaire que l’on voit sur le cadastre ancien. Elle est caractéristique des sites fortifiés. Le second élément se trouve au centre de ce parcellaire. La petite chapelle qui constitue le chœur de l’église actuelle est datée des XI/XIIèmes siècles. Elle pourrait avoir été la chapelle castrale. Une étude complète du bâtiment a été effectuée.

Cadastre Napoléon MessilieuxLa seconde seigneurie est celle de Curraize dont mention la plus ancienne date de 1202. La maison est avouée en 1333.

Le troisième site est celui de Messilleux, qui est mentionné dès le XIème siècle dans le Cartulaire de Savigny et qui passa aux mains des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem. La prospection réalisée dans les terrains adjacents a montré la présence de céramiques médiévales, autour des vestiges de ce qui semble avoir été une petite motte féodale. Au hameau des Bichaizons, une borne en pierre marque la limite entre le prieuré de Saint-Romain-le-Puy et le territoire des Hospitaliers

Au sud-est de la commune, en limite avec celle de Sury-le-Comtal, nous trouvons les lieux-dits la Séauve et Azieux où quelques éléments des XVI/XVIIème siècles étaient conservés, dont une rare maison en pisé Partie ancienne de l'églisedont les ouvertures étaient à croisée et meneau et en pierres moulurées. Le domaine de la Pompée, du nom du sieur Pompée Gouttes au XVIème siècle, a aussi peut-être constitué un petit fief. La prospection a permis le ramassage d’autres vestiges médiévaux, sous la forme de céramiques de cette période en d’autres points de la commune et notamment au sud du bourg, aux lieux-dits la Cotille et la Sauzée. Vers le lieu-dit les Jaquets, la reprise de fossés pour le remembrement a fait apparaître de nombreux tessons de céramiques médiévales associés avec des fragments de tuile à rebords.

 

Bulletin n° 15, 2005 & n° 16, 2006