Sainte Catherine

Chapelle sainte Catherine à Saint-Marcellin-en-Forez


 

  La commune de Saint-Marcellin-en-Forez est installée au pied du dernier relief des monts du Forez et du premier replat de la plaine.
  Second édifice religieux de la paroisse, la chapelle Sainte-Catherine, orientée est-ouest, est en limite de l'ancienne place Grenette. Dans l'armorial de Revel, elle n'est pas représentée. Située hors les murs, l'édifice ne présentait, semble-t-il, aucun intérêt stratégique pour le héraut d'armes du Duc de Bourbon.
Vue de la façade da chapelle dédiée à sainte CatherineClocher mur de la chapelle  Cette modeste chapelle a suscité de nombreuses hypothèses quant à son origine et son utilisation. En effet, pourquoi deux églises bâties sensiblement en même temps et distantes de quelques mètres ? Etait-elle une église utilisée en période d'épidémie ? Etait-elle l'église d'une autre paroisse ?
  La présence de chapelles hors les murs n'est pas exceptionnelle mais les raisons de leurs implantations sont différentes : à Saint-Rambert, l'église Saint-André et la chapelle Saint-Jean sont intra-muros, Saint-Côme est hors les murs (cimetière de lépreux) ; à Sury-le-Comtal, une église intra-muros et Saint-Etienne hors les murs (peut-être déplacement du lieu de vie et maintien du lieu de culte primitif) ; à Cuzieu, la chapelle hors le bourg était le siège d'un prieuré. La ville close de Saint-Marcellin ne possédait peut-être pas de cimetière. La place étant mesurée, un petit cimetière aurait pu être créé avec une chapelle attenante, hors les murs.
  A partir de 1348, suite aux pestes successives, les cimetières furent déplacés hors les murs de la ville pour éviter la contamination. Les ordres ont-ils été devancés par les autorités de Saint-Marcellin ?

Détail du portail  La première construction de la chapelle daterait de la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe siècle. Elle était construite selon un plan simple à nef unique précédée d'une abside semi-circulaire couverte en cul de four. Le sol de la nef était en terre battue. Un décor polychrome rouge, jaune, noir ou brun recouvrait les murs.
Elle est citée pour la première fois, dans les textes, en 1314, comme église de cimetière : cimetière de Sainte Katherine, de Saint Marcellin. Les murs gouttereaux de la nef furent détruits, ainsi que les peintures murales. La guerre de cent ans, qui ravageait le pays, fut-elle à l'origine de cette destruction ?

Vue de l'abside de la chapelle sainte Catherine  Dans la seconde moitié du XVe siècle, les murs gouttereaux furent reconstruits en pisé sur les vestiges des anciens murs. La chapelle est l'exemple le plus ancien, sur le territoire national, d'utilisation du pisé dans un édifice religieux.
La partie supérieure des murs fut terminée par une maçonnerie de pierre. Une charpente et un plafond en bois de pin, subsistant aujourd'hui, furent installés. Les murs furent recouverts d'un enduit gris avec rehauts blancs et noirs. On peut le voir autour des ouvertures ainsi qu'à l'angle des « murs piliers » soutenant l'arc. Le sol fut recouvert de carreaux de terre cuite.
  Les siècles suivants apportèrent peu de changement quant à ses aménagements mais de nombreux quant à son utilisation. En 1712, la chapelle ne servait qu’une seule fois par an. En 1807, elle était en si mauvais état qu'une grande série de restaurations fut effectuée, grâce à la générosité publique. Le 20 août 1882, le cimetière Sainte-Catherine fût abandonné au profit du nouveau situé à Outreleau.
  Ainsi commença le temps des outrages.
  Utilisée comme grange, salle de spectacle, dépôts divers, elle résista plus ou moins aux agressions contemporaines, malgré le percement de deux grandes baies dans le mur gouttereau nord.

Fresque du tympan

La fresque du tympan

 Le tympan de la chapelle est décoré d'une fresque figurant le martyre de sainte Catherine d'Alexandrie. Les décors sont fragmentaires. Néanmoins, il est possible d'en visualiser les différents épisodes.
Elle fut dégagée en 2001 et fixée pour résister aux multiples agressions.

Description d'ensemble

  Les différents tableaux sont peints sur un fond jaune pâle dont le contour est délimité par deux liserés noirs. La palette de couleur utilisée privilégie les couleurs vives : jaune d'or, bleu, gris foncé et noir. Certains éléments, indiqués seulement par un contour gris foncé, ont reçu une simple préparation blanche. La fresque ne fut probablement jamais terminée.
  L'artiste a, semble-t-il, été confronté au manque de place pour réaliser son œuvre : débordement de certains éléments hors des liserés ; superposition de trois tableaux à gauche.

Fresque du tympan : relevésDescription des tableaux

Les différents tableaux sont organisés de part et d'autre d'un personnage.

- A gauche

Sainte Catherine, à genou, est vêtue d'un long manteau bleu, sa chevelure jaune d'or est nimbée de bleu. Près de sa tête, la roue jaune d'or de son supplice sort de la composition (A).
Au-dessus est suspendue l'épée de sa décapitation. La présence de fragments jaunes et bleus laisse supposer l'existence d'un élément symbolisant le bourreau (B).
Au-dessous de la roue apparaît un personnage masculin couronné, vêtu de bleu, à la chevelure jaune d'or. Quelques fragments de pigments bleu et jaune d'or sont dispersés entre le personnage et la sainte agenouillée. Il s'agirait de la représentation de l'empereur Maximien et des trois philosophes confrontés à Catherine (C).

 - Au centre (D)

Le personnage central, démesuré par rapport à son environnement, occupe toute la hauteur du tympan et empiète sur le liseré. Il s'agit d'un personnage féminin, nimbé de bleu, vêtu d'une longue robe bleue et chaussé de poulaines grises. La présence de l'épée de la décapitation dans sa main gauche et du livre des écritures saintes dans sa main droite permet d'identifier sainte Catherine.
A ses pieds, deux fragments de pigment jaune d'or sont probablement les vestiges d'un autre élément impossible à déterminer (E).

- A droite

Le tableau suivant figure l'emprisonnement de sainte Catherine dans la tour. Sa représentation, surmontée de jaune d'or, est amputée de moitié (F). S'agit-il de créneaux et d'une toiture ou d’un quadrupède assimilé au veau d'or comme sur les fresques de Grézieux-le-Fromental ?
De sainte Catherine ne subsiste que la chevelure jaune d'or nimbée de bleu. Elle semble agenouillée devant un élément de couleur jaune d'or (G).

  La datation de la fresque est une tâche difficile, notamment en l'absence de l'analyse des pigments ou des supports.
En comparant les fresques de Grézieux-le-Fromental et de Saint-Marcellin-en-Forez, il apparaît une similitude troublante dans le graphisme. Cette ressemblance permet de supposer une réalisation à une période similaire et/ou par le même artiste. Les peintures murales de l'ancienne église de Grézieu-le-Fromental sont datables de la fin du XIIIe ou du début du XIVe siècle
  La fin du XIIIe ou le début du XIVe siècle auraient pu voir débuter la réalisation de la  fresque du tympan. Les ravages de la guerre, les exactions des Tards-Venus ou le décès de l'artiste pourraient être à l'origine de l'arrêt brutal de l'exécution de la fresque.

 Depuis janvier 1998, l'installation de la Médiathèque dans ce lieu chargé d'histoire constitue un enrichissement considérable pour la commune. Ce beau bâtiment, lumineux, spacieux, confortable et vivant attire de nombreux lecteurs et visiteurs de la région. Il est agréable d'y entrer et de s'y installer pour un simple petit moment de lecture.
La chapelle Sainte-Catherine a retrouvé sa place dans la vie du village.