Mornand

Mornand


 

Vue aérienne de Mornand  La commune de Mornand est située au centre de la plaine du Forez, dans un paysage sans relief marqué, hormis une légère élévation sur son flanc est. Son territoire, allongé du nord au sud, se répartit de part et d'autre du Vizézy. Cette rivière est la composante principale de l'important réseau hydrographique de la commune. Il regroupe plusieurs de ses affluents et de nombreux étangs.

  Le lieu-dit Pommet avait fait l'objet de ramassage de matériel lithique au XIXe siècle : une pointe de lance, des pointes de flèches à ailettes et pédoncule, des grattoirs, des lames et des lamelles. Dans les années soixante, de la céramique de l'Age du Bronze fut aussi ramassée. En 1971, des sondages furent effectués sur les lieux de ces ramassages. Deux fosses contenant de nombreux tessons de céramiques datées de la fin de l'Age du Bronze furent découvertes et une grande jatte à anse avec un décor de cordons digités a pu être reconstituée.

  Les prospections effectuées autour du lieu-dit, par le GRAL, afin de confirmer et de documenter le site, Pointes en silexont permis d’élargir l’occupation et d'identifier une suite de sites protohistoriques établis sur ce côté de la rivière, au nord du bourg : céramiques non tournées datées du Néolithique Chasséen et de l’Age du Bronze avec, ou sans décors (cordons digités, au peigne, cannelés). Du matériel lithique, composé d’éclats, de lames, de lamelles, d’une pointe à base étranglée et d’une petite hache polie figure dans l’inventaire du matériel ramassé.

 Hache polie Cette occupation protohistorique des bords du Vizézy est aussi palpable au sud du bourg. Le matériel est parfois associé avec des éléments d’autres périodes. Par exemple, des tessons de céramique non tournée ont été ramassés à la limite du village, mélangés avec un fragment de moulin à bras, de la céramique noire médiévale et de l’épandage semi-moderne. Plus au sud, vers Les Maréchaux, du matériel lithique et quelques tessons clairsemés ont été ramassés autour et près des étangs. Aux alentours de Champs, sur l’autre rive de la rivière, des tessons attribuables à l’Age du Fer ont été récoltés.

  Si les périodes de la Préhistoire et de la Protohistoire sont bien représentées à Mornand, la période gallo-romaine l’est également.

  A la limite orientale de la commune, le long de la voie Bolène, plusieurs gisements contenant des indices gallo-romains ont été identifiés, notamment autour du lieu-dit Sauvagneux où du matériel archéologique a été retrouvé en cinq points différents. Suivant les parcelles concernées, le mobilier récolté va du simple épandage de tuiles à rebords, accompagné de quelques céramiques communes, au site plus conséquent où de la céramique variée (commune, peinte, fine), de l’amphore Dressel 20, de la céramique sigillée lisse et à décor et une clé mixte fer/bronze ont été retrouvées.Timbre sur amphore

  Autour de Champs, plusieurs gisements figurent dans l’inventaire du GRAL. Celui situé au sud du petit bourg,  peut être scindé en deux zones. Dans la première, le matériel composé de fragments de tuiles à rebords, de tessons d’amphores de type Dressel 1 et 20, de céramique commune et peinte, est assez dispersé. Dans la seconde, le matériel - la céramique commune notamment - est plus varié et plus dense. On y trouve aussi quelques fragments de céramique sigillée dont la pâte et les décors permettent d’avancer une datation du Ier siècle de notre ère. Quelques tessons de céramiques protohistoriques, témoins d’une occupation plus ancienne ont aussi été récoltés.

  Une autre zone de ramassage a été identifiée au nord de Champs. Le matériel disséminé sur une grande surface est composé de fragments de tuiles à rebords et d’amphores ; de tessons de céramiques commune et sigillée. L’occupation couvre une large période allant du Ier au IIIe siècles de notre ère ; on notera la présence d’un décor d’applique, une tête de lion, servant de déversoir à un mortier de type Drag 45.

  Le centre du hameau a livré quelques éléments archéologiques lors de travaux de création d’un rond-point. Deux structures excavées, dans lesquelles figuraient des tessons de tuiles à rebords et du charbon de bois, ont été relevées. Il est à noter que ces découvertes furent faites sur l’emplacement supposé de l’ancienne église dédiée à saint Martin.Décor sur céramique sigillée

  Des fragments de tuiles à rebords, parfois accompagnés de tessons d’amphores et de céramique commune ont été ramassés dans plusieurs parcelles situées autour du lieu-dit Les Maréchaux. Un de ces gisements était plus riche en matériel que les autres ; il contenait : de la céramique commune variée, de la céramique peinte, de la céramique à paroi fine à décor de guillochis et de la céramique sigillée lisse et à décors. Cette dernière a permis d’avancer une datation du IIe siècle de notre ère pour cette installation.

 Décor d'applique à tête de lion A l’ouest du bourg, une autre occupation gallo-romaine a été mise en évidence. Le matériel était composé de fragments de tuiles à rebords, de céramique commune variée, de fragments de moulin à bras, de morceaux de verrerie et de tessons de céramique sigillée à décors. L’ensemble date du IIe siècle de notre ère.Clé gallo-romaine bronze/fer

  Les éléments de la période médiévale sont assez rarement retrouvés lors des prospections. Pourtant, la commune de Mornand recèle plusieurs gisements de cette époque. Les éléments ramassés sont quasiment les mêmes sur tous les lieux de ramassage. Il s’agit principalement de tessons de céramique noire ou grise : rebords à lèvre éversée ou à bandeau ; décors à cordons lisses, digités, crantés ; décors incisés. Des ramassages sporadiques de ce type de céramique sont assez courants autour des hameaux et des villages ; cela a été vérifié autour du bourg de Mornand et du hameau de Champs. Ces découvertes sont plus rares en pleine campagne. C’est pourtant le cas vers Saint-Ange, où de nombreux tessons ont été ramassés sur une parcelle dite terre des macchabées qu’il faudrait peut-être mettre en relation avec un ancien prieuré disparu, celui de Saint-Nicolas-de-Bolène. Des fragments de céramique de ce type ont aussi été ramassés en quantité vers Les Piars, vers La Cotille, de l’autre côté du Vizézy vers Champs et au sud du bourg, en bordure du Vizézy.

  On ne retrouve que quelques vestiges de la maison forte de Champs, centre d’une seigneurie qui passa entre les mains de plusieurs seigneurs dont le comte de Forez. Le bâtiment par lui-même, semble avoir été élevé au XIVe siècle par un seigneur de la famille du Verney.

  De l’église dédiée à saint Martin à Champs, il n’existe plus rien, hormis le négatif sur le cadastre ancien d’un bâtiment et la tradition orale sur son emplacement approximatif. Avec les dernières découvertes effectuées dans le centre du hameau, la probable installation de l’église sur l’emplacement d’un bâtiment antique peut être envisagée.

 

Bulletin n° 17, 2007