Chazelles-sur-Lavieu
Chazelles-sur-Lavieu
Le territoire de la commune est caractérisé par un sol accidenté, couvert de bois sur sa partie supérieure. Le reste du relief consiste en un étroit plateau, où sont installés le bourg et les différents hameaux. Cette bande de terre se fracture brutalement sur la Curaize à l’est et s’étale en douceur au sud et à l’ouest.
Les prospections archéologiques ont été limitées à plusieurs parcelles situées sur l’étroit plateau qui se déploie en dessous du bourg et à quelques parcelles isolées. Des indices de site, sous la forme de fragments de tuiles à rebords ont été retrouvés entre Chatelville et le Suc. D’autres éléments ont été ramassés en plus grande quantité, à la limite de la commune vers le Suc de Bussy.
Outre de la tuile à rebord, de la céramique commune et peinte, il a été ramassé un silex verdâtre qui a conservé une partie de son cortex et sur lequel on aperçoit des traces de débitage. Il s’agit d’un outil appelé « rabot nucléus ». Un autre indice de l’occupation antique de la commune est la présence d’un catillus de meule d’époque romaine, en pierre basaltique, trouvé en remploi dans la maçonnerie d’une maison du bourg.
Comme pour la plupart des communes de montagne, le patrimoine bâti concernant la période des XVIe/XVIIe siècles y est important. L’inventaire des habitats conservant des traces ou des remplois des périodes XVIe/XVIIe siècles : fenêtres à croisée et meneau ; portes à accolade avec ou sans blason portant des sculptures ou des dates ; pierres moulurées. Il représente une douzaine de constructions à l’intérieur du bourg dont une maison supposée forte ; cinq habitats au hameau de Chatelville dont la tradition raconte qu’il a été construit ou reconstruit avec les pierres de la forteresse démantelée de Lavieu (l’importance des remplois tendrait à donner une réalité à cette tradition) ; quatre habitats disséminés dans d’autres hameaux comme ceux de Vanel ou aux Salles.
Sous l’ancien régime, le territoire de Chazelles, relevant de la châtellenie de Lavieu, était partagé entre deux seigneuries pourvues de maisons-fortes :
- Chazelles, dont dépendait le bourg de Chazelles et toute la partie ouest de la paroisse. Au XVe siècle, la maison-forte de Chazelles tombant en ruine, la famille Ronzault, titulaire de la seigneurie, fera construire le château de la Pierre, à l’extérieur du village. Le premier seigneur connu est Damas Verd de Perers qui en rendit hommage au comte de Forez, le 13 juillet 1334. Le 12 mars 1674, Georges Ronzault rendit hommage, pour la première fois, du château de La Pierre, à Chazelles-sur-Lavieu. Il semblerait, que le château fut seigneurie de La Pierre-Duron jusqu’à la moitié du XVIIIe s. Le bâtiment a fait l'objet d'une étude.Elle met en évidence les différents rôles que le château a tenu durant son existence : maison forte et lieu de pouvoir comme le montre sa tour nord ; centre d’un domaine agricole et d’exploitation forestier comme l’indiquent les dépendances et l’organisation des lieux ; maison et lieu de séjour comme le montrent les nombreux aménagements réalisés pour en améliorer le confort et l’aspect extérieur.
- Le Poyet, au sud-est, qui avait juridiction sur les villages de Vioville et de Châtelville.Il était tenu en alleu et inféodé en 1260. Le premier propriétaire connu est Guichard du Says qui en rendit hommage au comte de Forez le 22 avril 1312. Il se vit octroyer la justice de la seigneurie en 1341. Le château est alors qualifié de simple maison forte. Les constructions ont fait l'objet d'une étude partielle. Par le fait que le château du Poyet a subit de nombreux remaniements dont les plus importants datent des XVIIIe et XIXe s. mais aussi parce que l’étude ne porte que sur une partie de l’ensemble, il est difficile de proposer une datation rigoureuse des différentes composantes de l’édifice. Néanmoins, les éléments en présence, notamment les ouvertures anciennes (fenêtres et meurtrières), souvent en remploi, suggèrent une datation de la fin du XVe/début du XVIe s. pour les éléments les plus anciens. Il est toutefois concevable que des parties de murs ou des soubassements soient antérieures, mais il n’est pas possible d’en juger en l’état. Plusieurs tours en élévation donnent au château son aspect très médiéval.
Le clocher gothique datant du XVe siècle est la seule partie restante de l’ancienne église ; elle est sous le vocable de saint Michel et nous la trouvons citée dès 969. De cette époque, il ne subsiste rien. En 1665, le chœur était voûté et de chaque côté se trouvait une chapelle : une sous le vocable de saint Blaise et l’autre de saint Jean. Le cimetière, autour de l’église, était clos de murs et fermé par des grilles aux entrées. Le portail, bel élément gothique, présente un décor très élaboré typique du XVe s. Il se compose d’une archivolte à triples claveaux (triples voussures moulurées) reposant sur des jambages décorés, de chaque côté, de colonnettes à bases prismatiques et ornées de décors à feuillages. Trois écussons décorent le linteau de la porte d’entrée. Le tympan de l’ogive est ajouré d’enroulements de style flamboyant. L’ensemble est couronné d’un gâble triangulaire, se terminant par un fleuron, dont les courbures sont surmontées de feuilles d’acanthe en relief. Son centre est orné du blason IHS. De part et d’autre du portail des colonnettes sont surmontés de fleurons et agrémentés de décors floraux.
Deux croix du XVIe s. présentent un intérêt. La plus remarquable est la grande croix de l‘église dont le croisillon à écots est sculptée de la crucifixion du Christ et d’une Vierge à l’enfant accompagnée par deux saintes femmes. Une statuette d’un saint, présente sur le fût, est peut-être la représentation de saint Michel.
Bulletin n° 17, 2007