Gumières
Gumières
Gumières est une commune de montagne dont une grande partie du territoire est planté de bois. Le relief est contrasté et le vallonnement du sud tranche avec la verticalité qui se dégage du paysage depuis le belvédère de la Mure. Le bourg est installé sur un promontoire rocheux, formant un éperon, dominant la vallée de la Mare. De nombreux hameaux se sont installés sur les pentes des vallées et sur quelques replats.
Le paysage actuel, par l’absence de terrains cultivés, n’est guère propice à la prospection archéologique. Plusieurs pierres ont attisé la curiosité humaine et ont fait naître des légendes, souvent difficiles à prouver par des éléments tangibles. La seule découverte archéologique a été effectuée vers 1840 : en abattant un vieux mur, des pièces de monnaies d’or, des rois carolingiens auraient été trouvées.
Le bourg s’est adapté aux contraintes imposées par le terrain et forme un ensemble allongé le long d’une unique rue. A l’extrémité du promontoire se trouve la place et l’église ; dans un texte, J.-M. de la Mure cite une porte, un donjon et un chastel.
L’Hôtel Bouthéon ou Hôtel de la comtesse Anne, est localisé dans le pâté de maisons situé à l’entrée du bourg. Des encadrements moulurés et un linteau taillé en bâtière, sculpté d’une fleur sous une accolade montre une ancienneté de la demeure. A l’intérieur, le linteau de la cheminée est orné d’une figure d’ange et d’un blason dans lequel sont inscrit les initiales IM et la date de 1602. De part et d’autres deux personnages se tenant la main, un masculin et un féminin sont sans doute la représentation d’anciens propriétaires. A l’étage, au niveau d’une petite fenêtre ovale, se trouve une pièce que la tradition défini comme l’oratoire de la comtesse. On y avait une vue directe sur l’église. Elle est couverte d’une petite voûte d’arêtes dont la clé est sculptée du monogramme IHS tandis que trois arêtes retombent sur des petits culots ornés de têtes.
Ce n’est pas le seul bâtiment ancien de la commune car l’habitat des XVIe et XVIIe s. y est représenté par des constructions ou des remplois, par exemple : une grande pierre sculptée d’un monogramme IHS, séparé par une ligne des initiales IM, dont la barre transversale du H sert de support à une croix, inscrit dans un soleil rayonnant surmonté de la date de 1605 et encadrée par une fleur à quatre pétales ; un linteau à accolade avec un petit blason sculpté d’une coquille surmontée d’une croix ou encore de plusieurs linteaux datés.
Au hameau du Besset, il y a quelques vieux bâtiments et des réemplois, entre autres, une croix gravée en relief sur un grand bloc allongé, intégrée à une maçonnerie. Au Mazet, une maison renferme une cheminée avec les armoiries de la famille Chaux, les initiales AC et la date de 1634. Le château de Chanebou, au Mazet était probablement une maison bourgeoise du XVIIe s. Au hameau de Murcent, il existe un bâtiment remanié sans doute au XVIIIe s. ; la partie basse semble plus ancienne que l’élévation. On y trouve une petite fenêtre à accolade et dans la cave une grande cheminée portant un blason avec la date de 1608 ainsi qu’un porte à accolade et petit cœur. Ce type de linteaux à accolade est aussi présent à Pleinafex, à Prolanges, ou encore à Puziols.
La présence de souterrains ou d’embryons de souterrain a été constatée dans le bourg. L'église, issue d'un prieuré bénédictin, est dédiée à saint Barthélémy. Ell est citée au XIe s. Elle a été reconstruite à la fin du XVe ou au début du XVIe s. mais a subi de gros travaux aux XVIIe et XIXe s.
Les moulins constituent une des richesses de la commune. Il a été dénombré sur les berges de la Mare, 17 moulins ayant abrité au total 21 ateliers (9 meules à farine, 6 pressoirs, 4 mailleries et 2 scieries). Le ruisseau de Prolanges aurait fait tourner deux moulins. L’existence d’un moulin sur le ruisseau de Gonsot est confirmée par un vestige de levée mais aussi par la tradition locale. En 1394, l’Aujon (ancien nom de la Mare) faisait déjà tourner un moulin sous le bourg de Gumières.
Plusieurs croix présentent un intérêt. Au hameau du Besset, une croix a un fût monté sur une meule en réemploi. Elle paraît du milieu du XVe s. et porte à sa base 4 argnats. Près du hameau, deux croix se font face. Celle de gauche, est composé d’un édicule de 4 marches, d’un fut de pierre de 2 blocs (un octogonal, orné de 4 argnats et un cylindrique avec un croisillon en granit), orné d’écots et sculpté d’une représentation de la Vierge à l’enfant, côté nord, et d’un Christ en croix, côté sud. Une croix du début du XVIe s. se trouve au centre du cimetière. Le fût est octogonale avec un dé sculpté et semble avoir été écourté. Le croisillon, octogonal, ses extrémités ornées. D’un côté il y a le Christ accompagné de deux sculptures représentant saint Pierre et sainte Madeleine. De l’autre côté, c’est le couronnement de la Vierge par deux anges en position verticale, accompagné de trois sculptures, accolées au fût et sous les pieds de la Vierge : un apôtre et deux évêques. Une seconde croix de la même période est visible à l’entrée du bourg. Le fût et le croisillon sont cylindriques et ce dernier est écoté ; les extrémités sont ornées. Une face représente la crucifixion du Christ et l’autre le couronnement de la Vierge par un ange en position verticale, la tête en bas.
Parmi les nombreux chemins de la commune, nous signalerons simplement celui dit « chemin des moines ». Il entrait dans la commune vers le carrefour du Lac où aboutissaient plusieurs chemins dont celui venant de Saint-Marcellin et du pont de Vérines. Il traversait la commune pour rejoindre l’actuel GR3, supposé être une voie ancienne de crête se raccordant au sud à la voie Bolène et au nord aux voies vers l’Auvergne.
Bulletin n° 15, 2005