Poncins
Poncins
L’opération de prospection systématique sur la commune de Poncins a été limitée par l’interdiction faite de prospecter sur certaines terres.
Le passé archéologique de la commune était très riche. Des ramassages importants de matériel lithique, datant principalement du XIXe et du début du XXe s., en sont les principaux pourvoyeurs.
Nos quelques prospections ont permis de montrer que le ramassage de silex (éclats ou fragments retouchés) est un fait très courant sur pratiquement l’ensemble des parcelles de la commune. Le dépouillement de la collection Beauverie, dont une partie se trouve au musée archéologique de Feurs, va aussi dans ce sens, en montrant des points multiples de ramassage, souvent isolés, et avec seulement quelques zones de concentration de matériel archéologique : lithique et céramique (en petite quantité pour ce type de matériel). Ce lieu de confluence, entre deux rivières, le Vizézy et le Lignon, bordé par deux hauteurs a sans doute attiré des générations d’hommes préhistoriques et protohistoriques. La pratique de la chasse, celle de la taille de silex sur place et celle de l’agriculture, sont des activités suffisantes permettant d’avancer une explication à cette grande dispersion.
Trois grandes zones peuvent être définies : la première entre les rivières du Lignon et du Vizézy ; la seconde entre les rivières du Lignon et du Gond, dont l’épicentre est à retrouver ; le troisième au nord du ruisseau du Gond. Les ramassages dans le lit et sur les berges du Lignon sont aussi importants en quantité. M. Philibert a signalé l’existence de deux lots de matériel. Le premier est roulé et le second ne l’est pas.
Cette grande richesse en matériel lithique perd un peu de son intérêt par plusieurs aspects :
- la dispersion de la collection Beauverie qui implique une vision partielle des différentes zones de ramassage. Nous n’en connaissons que la partie rachetée en 1923 par la ville de Feurs ;
- l’absence de localisation précise des ramassages effectués au XIXe s., constituant l’essentiel de ce lot de silex ;
- les géo localisations différentes entre des dessins de matériel datant du XIXe s. et les mentions figurant sur ce même matériel ;
- la quasi absence d’éléments en céramique dont-on ne sait s’il faut l’attribuer à une disparition « naturelle » d’éléments dont la cuisson n’était pas très bonne ou bien s’il s’agit d’un désintérêt, à l’époque, pour ce type de matériel qui n’a pas été ramassé.
D’après des travaux récents, il existe une présence du Paléolithique supérieur sous-jacente mais mal cernée géographiquement et chronologiquement.
Le Néolithique, par manque de matériel céramique est lui aussi plus ou moins bien identifié chronologiquement. Le Néolithique moyen, Chasséen, n’apparaît que sur le seul site où de la céramique était présente. L’essentiel des datations est attribué au Néolithique Final. Nous pouvons néanmoins remarquer que les quelques tessons retrouvés dans ces dernières années, suite à des suivis de travaux ou à des diagnostics, montrent qu’une présence de l’Age du Bronze est à envisager sérieusement.
N’ayant pas pu pratiquer de prospections et de vérifications sur quasiment l’ensemble des gisements connus datant de la période gauloise et gallo-romaine, la synthèse effectuée par M.-O. Lavendhomme dans le cadre de la Carte Archéologique de la Gaule reste la référence pour les périodes gauloise et gallo-romaine sur la commune de Poncins. Le site de Goincet/la Vernée constitue le point central d’une quantité importante de signalisations qui sont aujourd’hui encore difficiles à relier entre elles.
Pour ce site, nous pouvons simplement rajouter son extension vers l’ouest, vers les rives de la rivière du Gond, observée lors d’un diagnostic de l’Inrap en 2008 et ce qui paraît être une occupation liée à une exploitation agricole de l’autre côté de la rivière, détectée en prospection en 2013, toujours à l’ouest du hameau.
Les présences de deux (voire trois, si l’on considère qu’il existait une tracé du nord et un tracé du sud pour la voie d’Aquitaine) itinéraires importants de communication et celle de la cité de Forum Segusiavorum sur l’autre rive du fleuve, militent pour une possible occupation de type villa suburbaine ou simplement d’ensembles à vocation agricole, dans toute cette zone. Actuellement, seules les signalisations sur Précivet et les Petites Varennes peuvent être rattachés à un habitat : la première découverte est liée à des sondages effectués en 1974 où a été mis en évidence la présence de murs et d’une toiture effondrée ; le ramassage d’éléments d’hypocaustes parmi le matériel de prospection sur la seconde est un indice fort pour supposer ici aussi la présence d’un habitat.
Pour la période médiévale, les terriers Tinelli et Guacon ne laissent aucun doute sur la présence d’une petite enceinte villageoise à Poncins au cours des XVe et XVIe s. Cette fortification resta présente et active assez longtemps puisqu’elle est encore mentionnée en tant qu’ouvrage de défense au XVIIe siècle et elle est décrite partiellement au XIXe siècle. Elle enserrait le château, des dépendances, l’église et quelques habitations.
Un tracé hypothétique, peut être avancé à l’aide du cadastre Napoléon et de quelques mentions issues principalement du terrier Guacon de 1534. Cette enceinte de forme ovoïde associe un fossé et un mur de vingtain, construit en pierres jusqu’à deux mètres de hauteur, le reste de l’élévation étant en pisé. La présence d’une porte, défendue par une tour flanquante est un élément de fortification important qu’il est difficile d’imaginer aujourd’hui. La disposition des lieux (château au nord, village au sud) telle qu’on la perçoit au travers des différents documents pourrait s’apparenter à l’évolution d’une structure de type château et basse-cour. A partir du XVIe siècle, il semblerait que la volonté du seigneur soit d’évincer toutes ces constructions internes pour les rejeter dans la périphérie de l’enceinte pour conserver l’usage exclusif de l’ensemble clos.
Le dépouillement des terriers a montré l’existence d’une seconde structure close à Goincet, siège d’une petite seigneurie. Il s’agit vraisemblablement d’une maison forte dont la première et unique mention date de 1357. Elle était accolée à une clôture où se trouvaient aussi cinq maisons, une église ou chapelle, une hostellerie, un four et une place ronde. L’ensemble peut-être restitué partiellement à l’aide du cadastre Napoléon.
Des éléments plus modernes ont été inventoriés : ponts et bac ; poterie, tuilerie et moulins.
Bulletin n° 24, 2014