Saint-Romain-le-Puy
Saint-Romain-le-Puy
La commune de Saint-Romain-le-Puy est située dans la partie est de la plaine, au pied des monts du Forez. Son paysage se partage entre les premiers contreforts de la montagne, au sud et une vaste plaine. La particularité de son relief est le pic basaltique émergeant de la plaine dont le sommet est couronné par les vestiges d’un prieuré.
La prospection sur la commune s’est déroulée en deux temps. Elle avait fait l'objet d'une campagne d'inventaire et de vérification de sites par le GRAL en 1993. L'année 2010 a été l'occasion de compléter les données déjà fournies par une prospection systématique.
Saint-Romain-le-Puy abrite les 3/4 de l’agglomération secondaire gallo-romaine de Chézieu, hameau situé à l’extrémité nord de la commune. Elle succédait à un habitat de plaine datant de la Tène Finale et était située en bordure de la voie antique connue sous le nom de voie Bolène, peut-être au carrefour de deux voies. Le site avait été découvert en 1864 et il a fait depuis l’objet de plusieurs campagnes de fouilles :
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entre 1882 et 1892, de nombreuses structures ont été relevées, dont la voie antique. Une mosaïque décorée de poissons fut découverte à cette époque ;
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en 1934, un effondrement du talus de la voie de chemin de fer fit apparaître un dépôt d’amphores de type Dressel 1 ;
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entre 1961 et 1978, des fouilles furent menées par plusieurs archéologues amateurs mettant au jour de nouveaux murs et un puits qui fut fouillé ;
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en 2000, la présence d’indices découvert en prospection sur l’emplacement de la future usine Solover, fut le point de départ de sondages puis de fouilles de la part de l’Inrap. Elles mirent au jour un vaste ensemble gallo-romain composé de bâtiments, de structures sur poteaux de bois, de voies de circulations, etc. Des éléments, moins nombreux indiquent une fréquentation plus ancienne du site, à la Tène Finale, à l’Age du Bronze et au Néolithique.
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en 2001, le raccordement de l’usine à la voie de chemin de fer fut l’occasion d’une fouille sur toute l’emprise de la voie. La voie Bolène fut redécouverte ainsi que de nombreuses structures : fossés, murs, drainages, atelier de potiers…
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en 2009, un diagnostic de l’Inrap au nord de l’agglomération trouva à nouveau la voie antique et quelques murs. Les fouilles effectuées par la société Archéodunum permirent de suivre la voie sur toute la longueur de la fouille et d’en connaître la structure. Quelques bâtiments ont été fouillés ; ils semblent liés à un artisanat du fer.
Une synthèse des recherches sur le site, accompagnée d’une bibliographie a été dressée par le GRAL et les prospections ont permis de cerner assez précisément la surface occupée par les différentes périodes. Elle se révèle importante. Les prospections dans la partie nord-est, la plus connue, n’ont fait que confirmer les données déjà connues, notamment une présence gauloise plus riche et plus présente dans la partie nord. Les parties sud et sud-ouest sont tout aussi denses et riches en indices. Ces derniers sont en grande majorité gallo-romains et nous noterons parmi la quantité de matériel archéologique ramassé lors de nos prospections : plusieurs fragments de moule de céramique sigillée à décor (trouvaille déjà signalée au XIXe siècle) ; des fragments de fibules ; une petite hache polie ; un gros fragment de décor d'applique en sigillée (masque de théâtre) ; des monnaies gauloises et romaines ; de la céramique plombifère ; des indices d’une activité liée au travail du fer…
Des prospections au nord-est de Chézieu, vers le lieu-dit Ferland ont permis de ramasser une quantité importante de silex taillés (nucléus, racloir, lames, lamelles, pointes, éclats) dans une zone riche en silex naturels apportés vraisemblablement par la rivière qui passe au pied de la parcelle. Nous sommes peut-être en présence d'un lieu de ramassage et de taille fréquenté à des époques différentes.
Au sud de Chézieu, on notera la présence d’amphore de type Dressel 1 dans plusieurs parcelles sans qu’il soit possible de déterminer s’il s’agit d’une occupation ou bien d’un épandage. Il en est de même au Petit Terland, aux Etangs, à Montclaret où les indices composés de fragments de terre cuite (tegulae, amphore) et de silex sont diffus, sans réelle concentration. Le cas le plus flagrant est celui de Terlant où 10 fragments de rebords appartenant à des tegulae ont été ramassés dans 6 parcelles voisines mais non contiguës ainsi que 6 silex répartis dans 3 parcelles.
Près du château de la Bruyère, au sud duquel fut trouvé dans les années 1970 un habitat gallo-romain. Une autre présence, de même époque, a été détectée plus au nord. Il s’agit vraisemblablement de petits établissements et/ou de dépendances agricoles.
A proximité, au hameau de l’Heurt, une monnaie de Constantin a été ramassée.
Près de la source Parot, des indices furent ramassés en 1993 ; cette présence archéologique a été confirmée et la surface du gisement élargie, grâce à de nouvelles mises en culture.
Quelques indices, composés de tegulae et de rares tessons ont été ramassés au pied du pic, sur son versant sud-est.
Sur le plateau qui domine la Curraize, à l’ouest des Tourettes, une densité importante de tuiles à rebords, en limite de parcelle, laisse supposer la continuité d’un site plus important, sur la parcelle adjacente.
La présence antique a laissé des traces au sommet du pic de Saint-Romain, malgré les travaux effectués pour l’établissement du prieuré. Il s’agit d’une fosse dépotoir datée de la fin de l’Empire romain ainsi que trois sépultures de l’Antiquité Tardive, creusées dans le rocher et utilisant des tuiles à rebords. Les remplois sont nombreux dans les murs de l’église : blocs à trous de louves, fragment d’autel funéraire, fûts de colonnes, blocs d’appareil réticulé, tuiles à rebords.
Le pic, représenté en 1450 sur l’Armorial de Guillaume Revel, était au Moyen-Âge occupé par le village. Au sommet, dans une première enceinte, se trouvaient le prieuré et le château. A mi-pente, un ensemble d’habitations était regroupé autour de l’église dédiée à saint Pierre, enserré dans une seconde fortification. En bas, un autre regroupement d’habitations était enfermé dans une troisième enceinte. Au pied du pic, à l’extérieur, autour de l’église dédiée à saint Martin, on retrouvait une autre concentration d’habitats.
Bulletin n° 4, 1993
Bulletin n° 21, 2011