Cuzieu
Cuzieu
La commune se situe sur la rive droite de la Loire, près du confluent de la Coise et de la Loire. La rivière et le fleuve ont fortement influencé son relief. La partie située à l’ouest est inscrite dans un vaste méandre du fleuve et forme son lit majeur. Les traces de divagation du lit mineur au cours des âges y sont encore visibles. On trouve une première terrasse sur laquelle l’essentiel du village moderne est construit ; elle est suivi d’une seconde terrasse, dite terrasse alluviale ancienne sur laquelle se trouvent les bâtiments médiévaux. Elle est limitée à l’est par le cours de la Coise. La confluence ancienne entre les deux cours d’eau a créé un éperon à l’extrémité duquel est bâti le château. Au-delà de la Coise, le relief est en légère déclivité d’est vers l’ouest, puis il forme une butte avant de retrouver une pente similaire à la précédente.
Les découvertes anciennes étaient limitées au ramassage de surface d’une lame en phonolite et à la découverte au siècle dernier d’une probable sépulture à ustion. Un petit vase dont la panse représente une tête de femme en provient.
Les prospections effectuées par le GRAL ont montré que la présence antique sur la commune est très importante, une vingtaine de zones contenant des indices archéologiques ont été identifiées.
Les éléments les plus anciens ramassés vers le lieu-dit Les Enfers remontent au Ier siècle avant notre ère. Il s’agit d’un racloir en silex, de fragments d’amphores de type Dressel 1 et de céramique grossière tournée.
Une grande partie de ces indices se trouvent dans la large périphérie d’une voie qui entre sur la commune vers le hameau de Bel-Air, traverse la Coise, franchit la terrasse ancienne puis par la Bourgée Froide rejoint le lieu-dit Port d’Unias, toponyme lié à la traversée du fleuve. Sur son tracé, lors d’un curage de fossé, une structure empierrée de 4,70 m de largeur et de 0,50 m d’épaisseur a été repérée. Elle était composée de galets, de fragments d’amphores et de quelques tessons de céramique commune.
Vers Bel-Air, le gisement est aujourd’hui sous les prés. Il semblerait que l’endroit ait été un carrefour de deux chemins : un de direction est/ouest, confirmé par la prospection aérienne et un d’orientation nord/sud. Cette croisée est peut-être à l’origine d’un regroupement de plusieurs habitats. On y trouvait, en plusieurs points et répartis sur une surface importante : des fragments de tuiles à rebords, des tessons d’amphores, des fragments de moulin à bras, de la céramique commune, de la céramique sigillée lisse et à décor, une marque de potier (BANVVS), de la céramique métallescente et des fragments de béton de tuileau.
Vers la Bourgée Froide, trois autres gisements ont été identifiés, le vase à visage féminin en provient. Ils sont situés de part et d’autre de la voie. Des fragments de tuiles à rebords, des tessons d’amphore, de la céramique commune et sigillée ont été ramassés. Sur un des gisements, un fragment de quart de rond en terre cuite associé à de la céramique variée, de la tuile à rebords et de nombreuses pierres pourraient indiquer la présence d’un habitat.
Vers le Port d’Unias, des fragments de tuiles à rebord, de céramique commune, de céramique sigillée dont une marque intra décorative du potier IVLLINI (Lezoux, fin du IIe siècle), des fragments de béton de tuileau, des morceaux de tubuli d’hypocauste ont été recueillis. Tout ceci indiquant un probable habitat. Non loin de là, la présence de fragments de tuiles à rebord, de tessons de céramique commune et sigillée ainsi qu’une fusaïole pourrait indiquer l’existence de plusieurs bâtiments. Cette possible villa gallo-romaine forme le pendant de celle, découverte en 1996 au lieu-dit les Gargottes, située de l’autre côté du fleuve, sur la commune d’Unias.
Près de Prépieux, les indices ramassés à ce jour, notamment la céramique sigillée provenant des ateliers de la Gaule du Sud, attestent une occupation du Ier siècle de notre ère.
Toujours, à l’intérieur du lit majeur, vers La Vorzillère, deux parcelles voisines contiennent du matériel gallo-romain. Dans la première on ne trouve que des fragments de tuiles à rebords et quelques tessons de céramique, dans la seconde des fragments de tuiles à rebords, des tessons d’amphores, de la céramique commune et sigillée.
Ces ramassages, limités à de la tuile à rebords, sont récurrent sur le territoire de Cuzieu : aux Plagnes ; aux Chambons ; au Boulot ; aux Picards ; à la Grande Bourgée ; au Dalmey.
La partie médiévale est constituée par un château cité en 1190, détruit et remplacé par l’édifice actuel, daté du XVIIe siècle. Il s’élevait à l’extrémité de l’éperon. Dans le parc se trouve une construction peu courante : une glacière ; le remploi d’un socle de croix portant la date de 1623 dans son entrée donne une date basse de sa construction. L’église Saint-Martin, édifice reconstruit au XVIe siècle jouxte le parc du château. Elle pourrait être, à l’origine, la chapelle castrale si l’on considère le plan relevé lors de travaux de réfection. Un second édifice religieux sous le vocable de Saint-Jean est présent dans les textes ; il a disparu et seule la toponymie en garde la trace. Il existe d’ailleurs un doute sur un éventuel changement ou échange de vocable entre les deux saints.
Bulletin n° 9, 1998